Un équilibre délicat entre pouvoir organisationnel et droits des salariés. Le droit de gestion (souvent appelé droit de gérance) est le principe selon lequel l'employeur détient l'autorité pour organiser, diriger et contrôler son entreprise : établir les horaires, assigner les tâches, embaucher ou congédier, implanter des politiques, etc. Ce droit n'est pas absolu ; il s'exerce dans les limites fixées par la loi, la convention collective (le cas échéant) et l'obligation de bonne foi (art. 6, 7 et 1375 C.c.Q.).
Fondements juridiques au Québec
Le droit de gestion repose sur plusieurs sources juridiques qui définissent à la fois les pouvoirs et les limites de l'employeur :
Code civil du Québec
Articles 2085 à 2088 : L'employeur peut déterminer le travail, fournir les outils, diriger l'exécution ; doit toutefois agir avec prudence, loyauté et respect.
Loi sur les normes du travail (LNT)
Encadre la fin d'emploi, les congés, les salaires ; l'employeur ne peut y déroger même par politique interne.
Loi sur la santé et la sécurité (LSST)
Oblige l'employeur à éliminer les dangers ; l'autorité de diriger le travail inclut la prévention des risques.
Convention collective
Les clauses de gestion y sont souvent « résiduelles » : tout pouvoir non restreint explicite reste au gestionnaire, mais doit être exercé de façon raisonnable.
Jurisprudence arbitrale
Confirme qu'une décision doit être rationnelle, de bonne foi, proportionnée et conforme au contrat de travail.
Pouvoirs inclus dans le droit de gestion
L'employeur peut exercer son autorité dans plusieurs domaines clés de la gestion d'entreprise :
Organisation du travail
Assignation des quarts, télétravail, modification des méthodes de travail selon les besoins opérationnels.
Règles internes
Code vestimentaire, politiques TI, utilisation de l'IA, normes de sécurité et comportements attendus.
Discipline
Avertissements, suspensions, congédiement, selon la gradation et la proportionnalité établies.
Évaluation du rendement
Fixation d'objectifs, rétroaction continue, élaboration de plans d'amélioration du rendement.
Suivi et surveillance
Caméras, GPS, contrôle des accès sous réserve de la Loi 25 et du droit à la vie privée des employés.
Limites et obligations légales
Le droit de gestion n'est pas absolu. Il doit respecter plusieurs principes fondamentaux :
- Conformité légale : Aucune politique ne peut réduire les protections minimales (LNT, LSST, Loi 25, Charte des droits)
- Absence d'arbitraire : Décisions basées sur des faits vérifiables et appliquées uniformément à tous
- Bonne foi et raisonnabilité : Le Tribunal administratif du travail rappelle que l'exercice doit être raisonnable, proportionné et conforme aux obligations contractuelles
- Consultation syndicale : En milieu syndiqué, certains changements (horaires, classification) nécessitent une négociation préalable
- Respect de la vie privée : Toute collecte de données doit respecter la finalité, le consentement et la proportionnalité (Loi 25)
Une décision de gestion doit toujours être rationnelle, de bonne foi, proportionnée et conforme aux obligations légales et contractuelles. L'employeur doit pouvoir justifier ses choix.
Risques d'un exercice abusif
Un exercice inapproprié du droit de gestion peut entraîner de graves conséquences :
Les quatre risques majeurs
- Griefs et arbitrage : Annulation de mesures disciplinaires, réintégration forcée et paiement d'indemnités importantes
- Réclamations civiles : Dommages-intérêts pour atteinte à la dignité ou pratique interdite (article 122 LNT)
- Atteinte à la réputation : Perception d'autoritarisme, baisse de mobilisation et roulement élevé du personnel
- Sanctions administratives : CNESST (LSST), CAI (Loi 25) ou OQLF (loi 96) peuvent imposer amendes et ordonnances publiques
Bonnes pratiques pour une gérance légitime
Adoptez ces pratiques éprouvées pour exercer votre droit de gestion de façon efficace et conforme :
- Politiques écrites et claires couvrant le code de conduite, la discipline, le harcèlement, le télétravail et l'IA
- Communication transparente expliquant la raison d'être des règles et des décisions prises
- Formation des gestionnaires sur les biais inconscients, la gradation des sanctions et la documentation
- Documentation rigoureuse incluant comptes rendus, matrices décisionnelles et preuves de consultation
- Mécanisme de recours interne permettant à l'employé de contester une décision avant plainte externe
- Revue périodique vérifiant que les politiques restent conformes aux nouvelles lois (Loi 27, Loi 42, Loi 25)
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Politiques RH conformes
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Coaching décisions délicates
Accompagnement en temps réel pour horaires, discipline et surveillance avec analyse de proportionnalité et documentation
Audit et préparation
Révision complète de dossier et préparation des preuves en cas de contestation d'une mesure avec soutien en médiation
Formation gestionnaires
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